• Tihange, Belgique, 01/07/2009 — “Want to risk it?”: prêts à prendre le risque ? C'est la question que Greenpeace a posée ce matin depuis la centrale nucléaire de Tihange, près de Huy. La banderole était déployée depuis un parapente à moteur. 4.000 ballons biodégrables ont ensuite été lâchés pour symboliser la dispersion de composés radioactifs. Un lâcher de ballons similaire a été organisé à la centrale nucléaire de Doel (Anvers). Les risques liés au nucléaire ne sont pas aussi improbables que ne le prétend Electrabel.

    Par ces actions, Greenpeace dénonce le régime d'assurance complaisant dont a bénéficé Electrabel et interpelle les politiques en charge du dossier. La fermeture des réacteurs est la meilleure assurance contre les risques liés au nucléaire. Les ballons évoquent la dispersion radioactive qui pourrait résulter d'un accident grave au niveau d'un réacteur mais il ne faut pas oublier que la vétusté des centrales ne fait qu'augmenter ce facteur « risques ».  Certains réacteurs belges seront, en effet, maintenus en service dix ans de plus que la durée de vie de 30 ans initialement prévue...

    La cartographie de la dispersion radioactive consécutive à un accident nucléaire grave à Tihange ou à Doel, réalisée avec l'Université de Vienne, permet de prendre conscience de l'ampleur de ce risque que l'industrie nucléaire cherche à minimiser. Les ballons sont munis de cartes-réponse qui  pourront aiguiller la population vers le site www.no-nukes-no-sorry.be où l'ensemble de la simulation est disponible.

    Distorsion de la concurrence
    Greenpeace rappelle par cette action symbolique et sans conséquences pour la population qu'Electrabel continue à bénéficier de « subsides indirects » pour son énergie. Le plafond de 300 millions d'€ admis pour la couverture de ses centrales est anormalement bas. Si le coût d'une couverture plus conforme aux risques liés au nucléaire devait lui être imposé et intégré au prix de l'électricité, le nucléaire ne serait financièrement plus compétitif. Les énergies renouvelables n'ont pas bénéficié d'un tel régime de faveur

    En matière de risques nucléaires, il semble évident que la meilleure façon de nous prémunir est d'anticiper la sortie du nucléaire. Des investissements massifs dans le secteur de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables sont nécessaires pour l'accélérer et la réussir. Mettre un terme aux privilèges d'Electrabel est une manière de le faire et de dégager des fonds pour doter la Belgique d'un approvisionnement énergétique suffisant et ne présentant pas les risques inacceptables liés au nucléaire. Greenpeace a consulté différents juristes et rédigé une proposition de loi intitulée « taxe sur les risques nucléaires » qui offre des pistes pour financer l'essor de l'efficacité énergétique et des renouvelables.  Par ailleurs, une capacité de remplacement se met en place en Belgique.

    Un sondage Ipsos, commandé par Greenpeace a permis d'établir que 3 Belges sur 4 sont prêts à entrer dans l'ère des renouvelables. La balle est clairement dans le camp des politiques. Qui voudrait prendre des risques aussi importants, mal assurés et parfaitement évitables ? Il n'est aujourd'hui plus possible de s'en tirer avec un « Sorry, on n'y a pas pensé ».

     Source : Greenpeace Belgique http://www.greenpeace.org/belgium/fr/news/risques-de-haut-vol-a-tihange


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  • - Communiqué public GEAB Spécial Eté 2009 N°36 (16 juin 2009) -

    3 vagues scélérates

     par H-G Fandrich pour LEAP/E2020

    3 vagues scélérates, par H-G Fandrich pour LEAP/E2020

     Comme anticipé par LEAP/E2020 dès Octobre 2008, à la veille de l'été 2009, la question de la capacité des Etats-Unis et du Royaume-Uni à financer leurs déficits publics désormais incontrôlés s'est imposée comme la question centrale dans le débat international, ouvrant de ce fait la voie au double phénomène d'une cessation de paiement des Etats-Unis et du Royaume-Uni d'ici la fin de l'été 2009.

    Ainsi, à ce stade de développement de la crise systémique globale, contrairement au discours médiatique et politique dominant actuellement, l'équipe de LEAP/E2020 n'envisage pas du tout de reprise après l'été 2009 (ni d'ailleurs dans les douze mois à venir) (1). Bien au contraire, du fait de l'absence de traitement de fond des problèmes à l'origine de la crise, nous considérons que l'été 2009 va voir la convergence de trois « vagues scélérates » (2) particulièrement destructrices qui traduisent la poursuite de l'aggravation de la crise et vont provoquer des bouleversements historiques d'ici les mois de Septembre/Octobre 2009. Comme c'est le cas depuis le début de cette crise, chaque région du monde ne sera bien entendu pas affectée de la même manière (3) ; mais, pour nos chercheurs, toutes sans exception connaîtront une forte dégradation de leur situation d'ici la fin de l'été 2009 (4).

    Cette évolution risque ainsi de prendre à contre-pied nombre d'opérateurs économiques et financiers tentés par l'euphorisation médiatique actuelle.

    Dans ce numéro spécial « Eté 2009 » du GEAB, notre équipe présente bien entendu en détail ces trois vagues destructrices convergentes et leurs conséquences. Et notre équipe détaille en conclusion ses recommandations stratégiques (or, immobilier, bons, actions, devises) pour éviter d'être emporté par cet été meurtrier.


     Durée (en mois) des récessions US depuis 1900 (durée moyenne : 14,43 mois) - Sources : US National Bureau of Economic Research / Trends der Zukunft
    Durée (en mois) des récessions US depuis 1900 (durée moyenne : 14,43 mois) - Sources : US National Bureau of Economic Research / Trends der Zukunft
    Ainsi, pour LEAP/E2020, loin des « jeunes pousses » (« green shoots ») aperçues depuis deux mois dans tous les coins de tableaux statistiques (5) par les médias financiers internationaux, leurs experts attitrés et les politiciens qui les écoutent (6), ce sont trois vagues particulièrement destructrices pour le tissu socio-économique qui vont converger au cours de l'été 2009, traduisant la poursuite de l'aggravation de la crise et entraînant des bouleversements historiques dès la fin de l'été 2009, en particulier des situations de cessation de paiement des Etats-Unis et du Royaume-Uni, tous deux au cœur du système global en crise :

    1. La vague du chômage massif: trois dates d'impact qui varient selon les pays d'Amérique, d'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique
    2. La vague déferlante des faillites en série : Entreprises, banques, immobilier, états, régions, villes
    3. La vague de la crise terminale des Bons du Trésor US, du Dollar et de la Livre et du retour de l'inflation


     

    Le commerce mondial s'effondre : Graphique 1 : Evolution annuelle des exportations de 15 grands pays exportateurs (1991-02/2009) / Graphique 2 : Evolution annuelle des exportations de 15 grands pays exportateurs entre février 2008 et février 2009 (la ta

    Le commerce mondial s'effondre : Graphique 1 : Evolution annuelle des exportations de 15 grands pays exportateurs (1991-02/2009) / Graphique 2 : Evolution annuelle des exportations de 15 grands pays exportateurs entre février 2008 et février 2009 (la taille des cercles reflète le volume d'exportations en 2008) 
     
    Ces trois vagues ne sont en fait pas successives comme ces vagues scélérates appelées « trois soeurs » pourtant si destructrices ; elles sont bien plus dangereuses car elles sont simultanées, asynchrones et non parallèles. De ce fait, leur impact sur le système mondial est générateur de dislocation puisqu'elles l'atteignent sous divers angles, à différentes vitesses, avec des forces variables. La seule certitude à ce stade, c'est que le système international n'a jamais été aussi faible et démuni face à une telle situation : la réforme du FMI et des institutions de gouvernance mondiale annoncée au G20 de Londres reste lettre morte (7), le G8 ressemble de plus en plus à un club moribond dont tout le monde se demande désormais à quoi il peut bien servir (8), le leadership américain n'est déjà plus que l'ombre de lui-même qui tente désespérément de conserver des acheteurs pour ses bons du trésor (9), le système monétaire mondial est en pleine désintégration avec les Russes et les Chinois notamment qui accélèrent leur jeu pour se positionner dans l'après-Dollar, les entreprises ne voient aucune amélioration à l'horizon et accroissent leurs licenciements, des états de plus en plus nombreux vacillent sous le poids de leur dette accumulée pour « sauver les banques » et devront assumer une déferlante de faillites dès la fin de l'été (10). A l'image des banques, d'ailleurs, qui, après avoir soutiré encore une fois l'argent des épargnants crédules grâce à l'embellie des marchés financiers orchestrée ces dernières semaines, vont devoir reconnaître qu'elles sont toujours insolvables dès la fin de l'été 2009.

    Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni en particulier, l'effort financier public colossal réalisé en 2008 et début 2009 au seul profit des grandes banques a atteint un tel degré d'impopularité qu'il était devenu impossible au Printemps 2009 d'envisager de nouvelles infusions de fonds publics au profit des banques pourtant toujours insolvables (11). Il est alors devenu impératif d'orchestrer un « beau conte de fée » pour pousser l'épargnant moyen à injecter ses propres fonds dans le système financier. A coup de « green shoots », d'indices boursiers poussés vers le haut sans fondement économique réel et de « remboursements anticipés de fonds publics », la mise en condition a été effectuée. Ainsi, pendant que les grands investisseurs des monarchies pétrolières ou des pays asiatiques (12), profitant de l'aubaine, sortaient du capital des banques en question, une multitude de nouveaux petits actionnaires y entraient pleins d'espoir. Quand ils découvriront que les remboursements de fonds publics ne sont qu'une goutte d'eau par rapport à ce que ces mêmes banques ont obtenus en terme d'aide public (notamment pour garantir leurs actifs toxiques) et que, d'ici trois à quatre mois au maximum (comme analysé dans ce GEAB N°36), ces mêmes banques seront à nouveau sur le point de s'effondrer, ils constateront, impuissants, que leurs actions ne valent à nouveau plus rien.  

    Accroissements respectifs du PNB (en vert) et de la dette US (en rouge) (en Milliards USD) - Sources : US Federal Reserve / US Bureau of Economic Analysis / Chris Puplava, 2008

     Accroissements respectifs du PNB (en vert) et de la dette US (en rouge) (en Milliards USD) - Sources : US Federal Reserve / US Bureau of Economic Analysis / Chris Puplava, 2008

    Intoxiqués par les financiers, les dirigeants politiques de la planète vont à nouveau avoir la surprise après l'été de découvrir que tous les problèmes de l'année passée vont resurgir, démultipliés, car ils n'ont pas été traités, mais juste « enfouis » sous des masses immenses d'argent public. Une fois cet argent dilapidé par des banques insolvables, forcées à « sauver » des concurrents en pire état qu'elles-mêmes, ou dans des plans de stimulation économique mal conçus, les problèmes ressortent aggravés. Pour des centaines de millions d'habitants d'Amérique, d'Europe, d'Asie et d'Afrique, l'été 2009 va être une terrible transition vers un appauvrissement durable du fait de la perte de leur emploi sans perspective d'en retrouver un avant deux, trois ou quatre années; ou du fait de l'évaporation de leurs économies placées directement en bourse, dans des fonds de retraite par capitalisation ou des placements bancaires liés à la bourse ou libellés en Dollar US ou en Livre britannique; ou bien du fait de leur investissement dans des entreprises poussées à attendre désespérément une embellie qui ne viendra pas avant longtemps.


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    Notes:

    (1) Pas même de reprise sans emplois («jobless recovery ») comme essayent de nous le vendre nombre d'experts. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en zone Euro, au Japon, ce sera une reprise sans reprise (« recoveryless recovery »), une pure invention destinée à essayer de faire re-consommer des consommateurs américains ou britanniques insolvables et à faire patienter le plus longtemps possible les pays acheteurs de Bons du Trésor US et de Gilts britanniques (avant qu'ils ne décident qu'il n'y a plus d'avenir pour leurs produits aux pays du Dollar et de la Livre).

    (2) Les « vagues scélérates » sont des vagues océaniques très hautes, soudaines et qui étaient considérées comme très rares, même si aujourd'hui on sait qu'elles apparaissent au cours de pratiquement toutes les tempêtes d'une certaine importance. Les « vagues scélérates » peuvent atteindre des hauteurs de crête à creux de plus de 30 mètres et des pressions phénoménales. Ainsi, une vague normale de 3 mètres de haut exerce une pression de 6 tonnes/m². Une vague de tempête de 10 mètres de haut peut exercer une pression de 12 tonnes/m². Une vague scélérate de 30 mètres de haut peut exercer une pression allant jusqu'à 100 tonnes/m². Or, aucun navire n'est conçu pour résister à une telle pression. Il existe aussi le phénomène des « trois sœurs ». Il s'agit de trois « vagues scélérates » successives et d'autant plus dangereuses, car un bateau qui aurait eu le temps de réagir correctement aux deux premières, n'aurait en aucun cas les possibilités de se remettre dans une position favorable pour affronter la troisième. Selon LEAP/E2020, c'est à un phénomène de ce type que le monde va être confronté cet été ; et aucun état (navire) n'est en position favorable pour les affronter, même si certains sont plus en danger que d'autres comme l'anticipe ce GEAB N°36.

    (3) LEAP/E2020 considère que ses anticipations sur l'évolution socio-économique des différentes régions du monde publiées dans le GEAB N°28 (15/10/2008) sont toujours pertinentes.

    (4) Ou, plus exactement, dans chacune des régions, la dégradation de la situation ne pourra plus être masquée par des artifices médiatiques et boursiers.

    (5) Il sera d'ailleurs intéressant, en matière de statistiques économiques américaines, de suivre les conséquences de la révision par le Bureau of Economic Analysis des classifications et processus de calcul qui interviendra le 31/07/2009. En général, ce type de révisions a pour résultat de rendre plus complexe les comparaisons historiques et de modifier dans un sens favorable les statistiques importantes. Il suffit pour s'en rendre compte de constater comment les révisions précédentes ont permis de diminuer par 3 en moyenne le niveau d'inflation mesuré. Source : MWHodges, 04/2008.

    (6)Les lecteurs du GEAB n'auront pas manqué de constater que ce sont exactement les mêmes personnes, médias et institutions qui, il y a 3 ans, trouvaient que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ; il y a 2 ans, qu'il n'y avait aucun risque de crise grave ; et il y a un an, que la crise était sous contrôle. Donc des avis d'une très grande fiabilité !

    (7) Sauf au niveau régional, où chaque entité politique s'organise à sa manière. Ainsi, profitant de l'effacement politique du Royaume-Uni englué dans la crise financière, la crise économique et la crise politique, l'UE est en train de mettre la City londonienne sous tutelle (source : Telegraph, 11/06/2009). L'été 2009 risque ainsi de mettre fin à 300 ans d'histoire d'une City toute puissante au cœur du pouvoir britannique. A ce sujet, il faut lire le très instructif article de George Monbiot dans The Guardian du 08/06/2009 et surtout prendre le temps de lire le brillant essai de John Lanchester publié dans la London Review of Books du 28/05/2009 et intitulé « It's finished ».

    (8) D'ailleurs qui se soucie encore des déclarations finales des G8, comme celle du G8 Finance du 13/06/2009 (source : Forbes, 13/06/2009), à un moment où chacun agit en fait de son côté : Américains d'un côté, Canadiens et Européens de l'autre, Britanniques et Japonais au milieu, tandis que les Russes jouent un jeu différent ?

    (9) La mésaventure arrivée au Secrétaire d'Etat au Trésor américain, Timothy Geithner lors de son récent discours aux étudiants en économie de l'université de Pékin est à ce titre très instructive : le public de l'amphithéâtre a éclaté de rire lorsqu’il s’est mis à expliquer doctement que les Chinois avaient fait un bon choix en investissant leurs avoirs en Bons du Trésor et en Dollars US (source : Examiner/Reuters, 02/06/2009) ! Or il n'est rien de pire pour un pouvoir établi que de susciter l'ironie ou le ridicule car la puissance n'est rien sans le respect (de la part à l'ami autant que de l'adversaire), surtout quand celui qui se moque est censé être « piégé » par celui qui est moqué. Cet éclat de rire vaut, selon LEAP/E2020, de longues démonstrations pour indiquer que la Chine ne sent pas du tout « piégée » par le Dollar US et que les autorités chinoises savent désormais exactement à quoi s'en tenir sur l'évolution du billet vert et des T-Bonds. Cette scène aurait été impensable il y a seulement douze mois, peut-être même il y a seulement six mois, d'abord parce que les Chinois étaient encore dupes, ensuite parce qu'ils pensaient qu'il fallait continuer à faire croire qu'ils étaient toujours dupes. Visiblement, à la veille de l'été 2009, cette préoccupation a disparu : plus besoin de feindre désormais comme l'indique ce sondage de 23 économistes chinois publié le jour de l'arrivée de Timothy Geithner à Pékin qui jugent les actifs américains « risqués » (source : Xinhuanet, 31/05/2009). Les mois à venir vont résonner de cet éclat de rire estudiantin…

    (10) Et il n'y a pas qu'aux Etats-Unis que les actionnaires seront systématiquement lésés par l'état sous prétexte de l'intérêt collectif supérieur, comme le montrent les pertes des fonds de pension qui avaient investi dans les actions de Chrysler ou GM, ou les pressions de la Fed et du gouvernement US sur Bank of America pour qu'elle cache à ses actionnaires l'état désastreux de Merrill Lynch au moment de son rachat. Sources : OpenSalon, 10/06/2009 / WallStreetJournal, 23/04/2009. Au Royaume-Uni, en Europe et en Asie, les mêmes causes produiront les mêmes effets. La « raison d'état » est depuis toujours l'excuse la plus simple pour justifier toutes les spoliations. Et les crises graves sont propices pour invoquer la « raison d'état ».

    (11) En Allemagne, un problème similaire se pose du fait de l'élection nationale de Septembre prochain. Après l'élection, les problèmes bancaires du pays feront la une des médias, avec plusieurs centaines de milliards d'actifs à risque dans les bilans des banques notamment régionales. On est loin de l'ampleur des problèmes des banques US ou britanniques, mais Berlin va sans aucun doute devoir faire face à des faillites potentielles. Source : AFP/Google, 25/04/2009. Et aux Etats-Unis, les banques aidées par l’état fédéral ont tout simplement diminué leurs prêts à l’économie alors qu’elles étaient censées faire le contraire. Source : CNNMoney, 15/06/2009

    (12) Sources : Financial Times, 01/06/2009; YahooFinance, 04/06/2009; StreetInsider+Holdings/4656921.html , 15/05/2009; Financial Times, 01/06/2009



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  • Peu importe nos croyances ou nos idées politiques, le système mis en place dans notre monde libre repose sur l'accord tacite d'une sorte de contrat passé avec chacun d'entre nous, dont voici dans les grandes lignes le contenu :

    1) J'accepte la compétition comme base de notre système, même si j'ai conscience que ce fonctionnement engendre frustration et colère pour l'immense majorité des perdants,

    2) J'accepte d'être humilié ou exploité a condition qu'on me permette a mon tour d'humilier ou d'exploiter quelqu'un occupant une place inférieure dans la pyramide sociale,

    3) J'accepte l'exclusion sociale des marginaux, des inadaptés et des faibles car je considère que le prise en charge de la société a ses limites,

    4) J'accepte de rémunérer les banques pour qu'elles investissent mes salaires à leur convenance, et qu'elles ne me reversent aucun dividende de leurs gigantesques profits (qui serviront a dévaliser les pays pauvres, ce que j'accepte implicitement). J'accepte aussi qu'elle prélèvent une forte commission pour me prêter de l'argent qu'elles créent ex-nihilo,

    5) J'accepte que l'on congèle et que l'on jette des tonnes de nourriture pour ne pas que les cours s'écroulent, plutôt que de les offrir aux nécessiteux et de permettre à quelques centaines de milliers de personnes de ne pas mourir de faim chaque année,

    6) J'accepte qu'il soit interdit de mettre fin à ses jours rapidement, en revanche je tolère qu'on le fasse lentement en inhalant ou ingérant des substances toxiques autorisées par les états,

    7) J'accepte que l'on fasse la guerre pour faire régner la paix. J'accepte qu'au nom de la paix, la première dépense des États soit le budget de la défense. J'accepte donc que des conflits soient créés artificiellement pour écouler les stocks d'armes et faire tourner l'économie mondiale,

    8) J'accepte l'hégémonie du pétrole dans notre économie, bien qu'il s'agisse d'une énergie coûteuse et polluante, et je suis d'accord pour empêcher toute tentative de substitution, s'il s'avérait que l'on découvre un moyen gratuit et illimité de produire de l'énergie, ce qui serait notre perte,

    9) J'accepte que l'on condamne le meurtre de son prochain,sauf si les États décrètent qu'il s'agit d'un ennemi et nous encouragent à le tuer,

    10) J'accepte que l'on divise l'opinion publique en créant des partis de droite et de gauche qui passeront leur temps à se combattre en me donnant l'impression de faire avancer le système. j'accepte d'ailleurs toutes sortes de divisions possibles, pourvu qu'elles me permettent de focaliser ma colère vers les ennemis désignés dont on agitera le portrait devant mes yeux,

    11) J'accepte que le pouvoir de façonner l'opinion publique, jadis détenu par les religions, soit aujourd'hui aux mains d'affairistes non élus démocratiquement et totalement libres de contrôler les États, car je suis convaincu du bon usage qu'ils en feront,

    12) J'accepte l'idée que le bonheur se résume au confort, l'amour au sexe, et la liberté à l'assouvissement de tous les désirs, car c'est ce que la publicité me rabâche toute la journée. Plus je serai malheureux et plus je consommerai : je remplirai mon rôle en contribuant au bon fonctionnement de notre économie,

    13) J'accepte que la valeur d'une personne se mesure à la taille de son compte bancaire, qu'on apprécie son utilité en fonction de sa productivité plutôt que de sa qualité, et qu'on l'exclue du système si elle n'est plus assez productive,

    14) J'accepte que l'on paie grassement les joueurs de football ou des acteurs, et beaucoup moins les professeurs et les médecins chargés de l'éducation et de la santé des générations futures,

    15) J'accepte que l'on mette au banc de la société les personnes âgées dont l'expérience pourrait nous être utile, car étant la civilisation la plus évoluée de la planète, nous savons que l'expérience ne se partage ni ne se transmet gratuitement,

    16) J'accepte que l'on me présente des nouvelles négatives et terrifiantes du monde tous les jours, pour que je puisse apprécier a quel point notre situation est normale et combien j'ai de la chance de vivre en occident. Je sais qu'entretenir la peur dans nos esprits ne peut être que bénéfique pour nous,

    17) J'accepte que les industriels, militaires et politiciens se réunissent régulièrement pour prendre sans nous concerter des décisions qui engagent l'avenir de la vie et de la planète,

    18) J'accepte de consommer de la viande bovine traitée aux hormones sans qu'on me le signale explicitement. J'accepte que la culture des OGM se répande dans le monde entier, permettant ainsi aux trusts de l'agroalimentaire de breveter le vivant, d'engranger des dividendes conséquents et de tenir sous leur joug l'agriculture mondiale,

    19) J'accepte que les banques internationales prêtent de l'argent aux pays souhaitant s'armer et se battre, et de choisir ainsi ceux qui feront la guerre et ceux qui ne la feront pas. Je suis conscient qu'il vaut mieux financer les deux bords afin d'être sûr de gagner de l'argent, et faire durer les conflits le plus longtemps possible afin de pouvoir totalement piller leurs ressources s'ils ne peuvent pas rembourser les emprunts,

    20) J'accepte que les multinationales s'abstiennent d'appliquer les progrès sociaux de l'occident dans les pays défavorisés. Considérant que c'est déjà une embellie de les faire travailler, je préfère qu'on utilise les lois en vigueur dans ces pays permettant de faire travailler des enfants dans des conditions inhumaines et précaires. Au nom des droits de l'homme et du citoyen, nous n'avons pas le droit de faire de l'ingérence,

    21) J'accepte que les hommes politiques puissent être d'une honnêteté douteuse et parfois même corrompus. je pense d'ailleurs que c'est normal au vu des fortes pressions qu'ils subissent. Pour la majorité par contre, la tolérance zéro doit être de mise,

    22) J'accepte que les laboratoires pharmaceutiques et les industriels de l'agroalimentaire vendent dans les pays défavorisés des produits périmés ou utilisent des substances cancérigènes interdites en occident,

    23) J'accepte que le reste de la planète, c'est-à-dire quatre milliards d'individus, puisse penser différemment à condition qu'il ne vienne pas exprimer ses croyances chez nous, et encore moins de tenter d'expliquer notre Histoire avec ses notions philosophiques primitives,

     24) J'accepte l'idée qu'il n'existe que deux possibilités dans la nature, à savoir chasser ou être chassé. Et si nous sommes doués d'une conscience et d'un langage, ce n'est certainement pas pour échapper à cette dualité, mais pour justifier pourquoi nous agissons de la sorte,

    25) J'accepte de considérer notre passé comme une suite ininterrompue de conflits, de conspirations politiques et de volontés hégémoniques, mais je sais qu'aujourd'hui tout ceci n'existe plus car nous sommes au summum de notre évolution, et que les seules règles régissant notre monde sont la recherche du bonheur et de la liberté de tous les peuples, comme nous l'entendons sans cesse dans nos discours politiques,

    26) J'accepte sans discuter et je considère comme vérités toutes les théories proposées pour l'explication du mystère de nos origines. Et j'accepte que la nature ait pu mettre des millions d'années pour créer un être humain dont le seul passe-temps soit la destruction de sa propre espèce en quelques instants,

    27) J'accepte la recherche du profit comme but suprême de l'Humanité, et l'accumulation des richesses comme l'accomplissement de la vie humaine,

    28) J'accepte la destruction des forêts, la quasi-disparition des poissons de rivières et de nos océans. J'accepte l'augmentation de la pollution industrielle et la dispersion de poisons chimiques et d'éléments radioactifs dans la nature. J'accepte l'utilisation de toutes sortes d'additifs chimiques dans mon alimentation, car je suis convaincu que si on les y met, c'est qu'ils sont utiles et sans danger,

    29) J'accepte la guerre économique sévissant sur la planète, même si je sens qu'elle nous mène vers une catastrophe sans précédent,

    30) J'accepte cette situation, et j'admets que je ne peux rien faire pour la changer ou l'améliorer,

    31) J'accepte d'être traité comme du bétail, car tout compte fait, je pense que je ne vaux pas mieux,

    32) J'accepte de ne poser aucune question, de fermer les yeux sur tout ceci, et de ne formuler aucune véritable opposition car je suis bien trop occupé par ma vie et mes soucis. J'accepte même de défendre à la mort ce contrat si vous me le demandez,

    33) J'accepte donc, en mon âme et conscience et définitivement, cette triste matrice que vous placez devant mes yeux pour m'empêcher de voir la réalité des choses. Je sais que vous agissez pour mon bien et pour celui de tous, et je vous en remercie.

    Si vous êtes contre, vous pouvez toujours mettre en oeuvre les ressources de l'amitié et de l'amour, de la fraternité et de la responsabilité partagée, réfléchir, concevoir, oser et tisser, comme le permet l'Internet, la toile d'une araignée non pas venimeuse mais salvatrice... tout retard rapproche du néant.

    Texte édité sur http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=AccordTaci

    Voir aussi : http://fr.ekopedia.org/%C3%89cosoci%C3%A9talisme

     

     " Le language réalise, en brisant le silence, ce que le silence voulait et n'altérait pas "

    Maurice Merleau-Ponty

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Merleau-Ponty

     

    Arc-en-ciel'ment vôtre

    Natalia & Romano

     


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  • ...ou pourquoi un végétarien utilisant un 4X4 peut produire moins de CO2 qu'un bon mangeur de viande à vélo....

    Le Belge consomme en moyenne 100kg de viande par an, soit environ 270g par jour. Même si cette consommation se situe dans la moyenne européenne, elle n'en demeure pas moins élevée (en Belgique, on recommande une consommation de maximum 75 à 100g de viande par jour). Et ceci n'est pas sans conséquences pour l'environnement et pour la santé.

    Viande et environnement

    La surconsommation de viande nécessite beaucoup de ressources : il faut 10 kg d'orge ou de blé pour produire un kilo de viande. Et il faut cinq fois plus d'eau pour produire des protéines de bœuf que des protéines de soja.

    Manger beaucoup de viande engendre une agriculture intensive car il faut produire d'importantes quantités de végétaux pour nourrir les animaux. A titre d'exemple, en France, l'essentiel de la culture céréalière sert à nourrir des animaux. Cette agriculture consomme directement ou indirectement de l'énergie fossile (pour la fabrication des engrais et pesticides et pour les machines agricoles) et engendre donc des émissions de CO2. Au niveau du réchauffement climatique, la production d'un kilo de bœuf engendre près de 80 fois plus de gaz à effet de serre (GES) qu'un kilo de blé et représente l'équivalent de 70 km en voiture ! La production de viande émet en outre d'autres gaz à effet de serre : en se décomposant, les engrais azotés émettent du protoxyde d'azote, 300 fois plus "réchauffant" que le CO2, et par ailleurs les ruminants émettent du méthane, un gaz 23 fois plus "réchauffant" que le CO2, à cause de la fermentation des plantes dans leur système digestif. Le bœuf et le porc sont surtout sources d'émissions de méthane, le mouton de protoxyde d'azote et la volaille de CO2. Le niveau d'émission est très haut pour le bœuf et le mouton et faible pour le porc et la volaille.

     

    viandeVoiture 

     

    En 2000, les émissions attribuées à la consommation de viande atteignaient environ 7,1 millions de tonnes d'équivalent CO2. Or les habitudes de consommation peuvent avoir un impact significatif sur les émissions indirectes. Une réduction de consommation de bœuf de 10% compensée par une augmentation de la consommation de volaille (afin de maintenir la consommation totale inchangée) pourrait réduire les émissions totales de gaz à effet de serre d'environ 0,9 millions de tonnes d'équivalent CO2. Si en plus on le remplace plutôt par des protéines végétales, le score s'améliore encore ! Songeons encore à ceci : l'agriculture que l'on appelle traditionnelle, et qui est en fait intensive, n'a que cinquante ans. Avant, tout était "bio" (dans le sens pas d'utilisation d'engrais chimiques ou de pesticides) ! Et la consommation était bien moindre...

     

     view

    Viande et santé

    Une alimentation saine, équilibrée et diversifiée constitue la clé de notre santé. Elle doit être adaptée à nos besoins et à notre métabolisme. Or, notre panier alimentaire est, en général, trop unilatéralement constitué d'hydrates de carbones (sucres), de graisses et de viande. La consommation régulière de viande, importante dans nos pays riches, est un phénomène récent. Mais nous en consommons trop et cet excès déséquilibre le régime alimentaire. Excès de protéines, excès de lipides, et particulièrement d'acides gras saturés, sources du fameux "mauvais cholestérol" : tout cela contribue aux risques d'ennuis cardio-vasculaires, d'obésité, de rhumatismes...

    D'autre part, plusieurs études ont montré qu'un rapport existe entre la consommation d'une grande quantité de viande rouge et l'augmentation du nombre de cancers du gros intestin. Une alimentation équilibrée peut non seulement prévenir les risques de cancer de l'estomac et des intestins, mais également diminuer les risques d'autres formes de cancer telles que le cancer du sein, du poumon, de la prostate et de l'utérus.

    Que faire ?

    Il s'agit de trouver la bonne combinaison. C'est-à-dire davantage de fruits et légumes, moins de viande et de graisses animales et surtout une nourriture variée. Non seulement on varie ainsi les plaisirs, mais on s'assure également un apport suffisant en substances protectrices contenues dans les différents aliments. Voici quelques conseils bien utiles pour réduire notre impact sur l'environnement et préserver notre santé :

    - Diminuons notre consommation de viande.
    Pour un adulte, il est recommandé de consommer 100 g de viande trois à quatre fois par semaine. Et n'abusons pas de la charcuterie : très riche en graisses, elle joue un grand rôle dans l'excès de cholestérol qui cause tant de maladies cardiovasculaires. De plus, elle fait la part belle aux additifs (colorants et conservateurs).

    -Varions les sources de protéines.
    La consommation de protéines animales est nécessaire mais l'abus de viande peut nuire à la santé. En alternant viandes rouges et blanches, poissons, oeufs, fromages et protéines végétales (soja, pois chiches, lentilles...), on peut varier sa ration quotidienne de protéines en limitant les risques de priver l'organisme d'un constituant essentiel. Les protéines végétales comme les lentilles, le soja, les céréales ont l'avantage d'être en grande partie composés d'acides gras insaturés, c'est-à-dire de fournir le bon cholestérol, celui qui protège nos artères.

    - Consommons plus de fruits et légumes.
    Les fruits et légumes constituent la base d'une alimentation saine. Ils stimulent le transit intestinal et contiennent un grand nombre de substances protectrices. Leur effet bénéfique est dû à plusieurs substances et surtout à leur combinaison à l'état naturel : les vitamines, les sels minéraux, les fibres alimentaires et les autres substances végétales.

    - Préférons les produits locaux, de saison et issus d'une agriculture respectueuse de l'environnement.
    Les produits locaux et de saison réduisent le recours aux transports aériens et routiers. De plus, les produits frais contiennent généralement moins de conservateurs chimiques que les produits parcourant de longues distances. 1kg d'agneau de Nouvelle-Zélande acheminé par avion a demandé 4 à 5 fois plus d'énergie qu'un agneau élevé localement. Un fruit importé hors saison par avion consomme pour son transport 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit produit localement et acheté en saison. D'autre part, la viande biologique est peut-être plus chère mais si nous limitons notre consommation de viande, la dépense finale sera moindre, avec un bénéfice évident pour notre palais et notre santé. Consommons moins mais mieux !

    En outre, remplacer une fois par semaine la viande du repas par des protéines végétales permet de réduire son empreinte écologique de 1000 m² par an (pour en savoir plus sur l'empreinte écologique et calculer la vôtre : www.ibgebim.be).

    Globalement, on peut donc dire que manger moins de viande permet :

    - de diminuer les émissions de gaz à effet de serre

    -de cultiver autre chose et de nourrir ainsi plus de personnes avec une même surface

    - d'être en meilleure santé (moins de risque de cancer, d'obésité...)

    En savoir plus

    - "La consommation de viande bovine dans le monde et dans l'Union européenne : évolutions récentes et perspectives ", Vincent Chatellier, Hervé Guyomard, Katell Le Bris, INRA, 2003

    - "Réduction des émissions de gaz à effet de serre et flux de matières" - Intitut Wallon - Vito - Institut pour un Développement Durable, 2001

    - "Guide écologique de la famille", Claire Le Bouar, Marie-France Belotti, Patricia Ravet, éd. Sang de la terre, Paris, 1999.

    - www.manicore.com : facteurs d'émissions de CO2

    - www.cancer.be : lien entre viande rouge et cancer

    - www.wwf.be : viande et empreinte écologique

    - A découvrir également : http://www.ecoconso.be/  

    - A tout ces facteurs écologiques et sanitaires, il faut rajouter l'atroce et permanente souffrance animale engendrée par notre voracité criminelle, inhumaine, compulsive et polluante.  

    earthlings

    Earthling, signifie un habitant de la terre. C'est le titre d'un très beau film documentaire, narré par Joachim Phoenix (Gladiator). Le film est un plaidoyer pour tous les habitants de la planète, y compris les animaux, il dénonce leur exploitation ainsi que les abus de notre société de consommation moderne.

      -> ATTENTION les images que vous allez voir ne sont pas des cas isolés et certaines scènes peuvent heurter le spectateur sensible. Ce sont les standards industriels pour les animaux élevés pour la compagnie, la nourriture, l'habillement, le divertissement, la recheche. C'est inhumain et pourtant c'est une réalité que nous avons construite et sur laquelle nous devons aujourd'hui ouvrir les yeux et agir :

    Voir le film "Earthling"http://video.google.fr/videoplay?docid=4093730216074063220

    "Du point de vue du Dharma, tous les vivants sont considérés comme égaux. Nous autres, êtres humains, sommes en mesure de nous passer de viande. En tant qu'être humain, je pense que notre nature profonde nous porte au végétarisme, ainsi qu'à faire tout notre possible pour éviter de nuire aux autres espèces ."

    Le Dalaï Lama

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Dala%C3%AF-lama

     

    Arc-en-ciel'ment vôtre

    Natalia & Romano


    2 commentaires
  • 4° trimestre 2009, début de la phase 5 de la crise systémique globale :

    La phase de dislocation géopolitique mondiale
     
    4° trimestre 2009 - Début de la phase 5 de la crise systémique globale : la phase de dislocation géopolitique mondiale
     
    Depuis Février 2006, LEAP/E2020 (Laboratoire Européen d'Anticipation Politique) avait estimé que la crise systémique globale se déroulerait selon 4 grandes phases structurantes, à savoir les phases de déclenchement, d'accélération, d'impact et de décantation. Ce processus a bien décrit les évènements jusqu'à aujourd'hui. Mais notre équipe estime dorénavant que l'incapacité des dirigeants mondiaux à prendre la mesure de la crise, caractérisée notamment par leur acharnement depuis plus d'un an à en traiter les conséquences au lieu de s'attaquer radicalement à ses causes, va faire entrer la crise systémique globale dans une cinquième phase à partir du 4° trimestre 2009 : la phase dite de dislocation géopolitique mondiale.

    Selon LEAP/E2020, cette nouvelle phase de la crise sera ainsi façonnée par deux phénomènes majeurs organisant les évènements en deux séquences parallèles, à savoir :

    A. Deux phénomènes majeurs :
    1. La disparition du socle financier (Dollars + Dettes) sur l'ensemble de la planète
    2. La fragmentation accélérée des intérêts des principaux acteurs du système global et des grands ensembles mondiaux

    B. Deux séquences parallèles :
    1. La décomposition rapide de l'ensemble du système international actuel
    2. La dislocation stratégique de grands acteurs globaux.

    Nous avions espéré que la phase de décantation permettrait aux dirigeants du monde entier de tirer les conséquences de l'effondrement du système qui organise la planète depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Hélas, à ce stade, il n'est plus vraiment permis d'être optimiste en la matière (1). Aux Etats-Unis comme en Europe, en Chine ou au Japon, les dirigeants persistent à faire comme si le système global en question était seulement victime d'une panne passagère et qu'il suffisait d'y ajouter quantité de carburants (liquidités) et autres ingrédients (baisse de taux, achats d'actifs toxiques, plans de relance des industries en quasi-faillite,...) pour faire repartir la machine. Or, et c'est bien le sens du terme de « crise systémique globale » créé par LEAP/E2020 dès Février 2006, le système global est désormais hors d'usage. Il faut en reconstruire un nouveau au lieu de s'acharner à sauver ce qui ne peut plus l'être.


    Evolution des commandes à l'industrie au cours du 4° trimestre 2008 (Japon, Etats-Unis, zone Euro, Royaume-Uni, Chine, Inde) - Sources : MarketOracle / JPMorgan
    Evolution des commandes à l'industrie au cours du 4° trimestre 2008 (Japon, Etats-Unis, zone Euro, Royaume-Uni, Chine, Inde) - Sources : MarketOracle / JPMorgan
     
    L'Histoire n'étant pas particulièrement patiente, cette cinquième phase de la crise va donc entamer ce processus de reconstruction mais de manière brutale, par la dislocation complète du système préexistant. Et les deux séquences parallèles, décrites dans ce GEAB N°32, qui vont organiser les évènements promettent d'être particulièrement tragiques pour plusieurs grands acteurs mondiaux.

    Selon LEAP/E2020, il ne reste plus qu'une toute petite fenêtre de tir pour tenter d'éviter le pire, à savoir les quatre mois à venir, d'ici l'été 2009. Très concrètement, le Sommet du G20 d'Avril 2009 constitue selon notre équipe la dernière chance pour réorienter de manière constructive les forces en action, c'est-à-dire avant que la séquence cessation de paiement du Royaume-uni, puis des Etats-Unis ne se mette en branle (2). Faute de quoi, ils perdront tout contrôle sur les évènements (3), y compris, pour nombre d'entre eux, dans leurs propres pays, tandis que la planète entrera dans cette phase de dislocation géopolitique à la manière d'un « bateau ivre ». A l'issue de cette phase de dislocation géopolitique, le monde risque de ressembler à l'Europe de 1913 plus qu'à la planète de 2007.

    Ainsi, à force de tenter de porter sur leurs épaules le poids toujours croissant de la crise en cours, la plupart des Etats concernés, y compris les plus puissants, ne se sont pas rendu compte qu'ils étaient en train d'organiser leur propre écrasement sous le poids de l'Histoire, oubliant qu'ils n'étaient que des constructions humaines, ne survivant que parce que l'intérêt du plus grand nombre s'y retrouvait. Dans ce numéro 32 du GEAB, LEAP/E2020 a donc choisi d'anticiper les conséquences de cette phase de dislocation géopolitique sur les Etats-Unis et l'UE.


    Evolution de la base monétaire des Etats-Unis - (12/2002 – 12/2008) - Source US Federal Reserve / DollarDaze
    Evolution de la base monétaire des Etats-Unis - (12/2002 – 12/2008) - Source US Federal Reserve / DollarDaze
     
    Il est donc temps pour les personnes comme pour les acteurs socio-économiques de se préparer à affronter une période très difficile qui va voir des pans entiers de nos sociétés telles qu'on les connaît être fortement affectés (4), voire tout simplement disparaître provisoirement ou même dans certains cas durablement. Ainsi, la rupture du système monétaire mondial au cours de l'été 2009 va non seulement entraîner un effondrement du Dollar US (et de la valeur de tous les actifs libellés en USD), mais il va aussi induire par contagion psychologique une perte de confiance généralisée dans les monnaies fiduciaires. C'est à tout cela que s'attachent les recommandations de ce GEAB N°32.

    Last but not least, notre équipe considère désormais que ce sont les entités politiques (5) les plus monolithiques, les plus « impériales », qui vont être les plus gravement bouleversées au cours de cette cinquième phase de la crise. La dislocation géopolitique va ainsi s'appliquer à des états qui vont connaître une véritable dislocation stratégique remettant en cause leur intégrité territoriale et l'ensemble de leurs zones d'influences dans le monde. D'autres états, en conséquence, seront projetés brutalement hors de situations protégées pour plonger dans des chaos régionaux.

    --------
    Notes:

    (1) Barack Obama comme Nicolas Sarkozy ou Gordon Brown passent leur temps à invoquer la dimension historique de la crise pour mieux cacher leur incompréhension de sa nature et tenter de se dédouaner à l'avance de l'échec de leurs politiques. Quant aux autres, ils préfèrent se persuader que tout cela se règlera comme un problème technique un peu plus grave que d'habitude. Et tout ce petit monde continue à jouer selon les règles qu'ils connaissent depuis des décennies, sans se rendre compte que le jeu est en train de disparaître sous leurs yeux.

    (2) Voir GEAB précédents.

    (3) En fait il est même probable que le G20 aura des difficultés croissantes à tout simplement pouvoir se réunir, sur fond de « chacun pour soi ».

    (4) Source : New York Times, 14/02/2009

    (5) Et cela nous paraît vrai également pour les entreprises.


     
    Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) :
     

     

    Arc-en-ciel'ment vôtre

    Natalia & Romano


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