• Plus du quart de la faune mondiale a disparu depuis les années 70, a révélé une étude publiée vendredi par la Société zoologique de Londres en collaboration avec le WWF, le Fonds mondial pour la nature.

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     Source: WWF

    Cette étude a observé l'évolution de quelque 1.400 espèces de poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux ou mammifères pour conclure à un déclin de 27 % de la faune entre 1970 et 2005.

    La faune terrestre a reculé de 25 %. La population animale en eau de mer a chuté de 28 % et celle en eau douce de 29 %, selon ce rapport.

    L'être humain contribue à la disparition d'environ 1 % des espèces animales chaque année, selon le rapport, qui souligne qu'un des « grands épisodes d'extinction » de l'histoire est en cours. La pollution, l'agriculture, l'expansion urbaine, le recours excessif à la pêche et la chasse, sont les raisons citées pour expliquer cette tendance.

    « La réduction de la biodiversité signifie que des millions de personnes font face à un avenir où les réserves en nourriture seront plus vulnérables aux insectes et maladies, et où l'eau sera disponible en quantité faible et irrégulière », a déploré James Leape, le directeur général du WWF. « Personne ne peut échapper à l'impact de la réduction de la biodiversité sur nos vies parce que cela se traduit très clairement par moins de nouveaux médicaments, une plus grande vulnérabilité aux désastres naturels et des effets accrus sur le réchauffement climatique », a-t-il ajouté.

    Ce déclin intervient à une époque où les êtres humains consomment chaque jour plus de ressources naturelles, et où ils utilisent 25 % de plus que ce que la nature peut remplacer, selon l'étude.

    Ce rapport précède la convention de l'ONU sur la biodiversité qui se tiendra la semaine prochaine à Bonn (Allemagne).

    Vendredi 16 mai 2008, 20:00

    Le Soir.be


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  • Une énorme île d'ordures plus grande que le Texas flotte dans l'Océan Pacifique, à mi-chemin entre San Francisco et Hawaii. [Il ne faut pas s'affoler, avec ses 692.402 Km2, le Texas est juste un peu plus grand que la France, NDT]


    La California Coastal Commission de San Francisco, a dit que la soi-disant Grande Nappe d'Ordures du Pacifique (GPGP) grossit rapidement depuis les années 50.


    La gigantesque ratatouille d'ordures, qui se compose de 80% de matières plastiques et pèse environ 3,5 millions de tonnes, disent les océanographes, flotte là où il est rare que les gens voyagent, dans le no man's land entre San Francisco et Hawaii.


    Marcus Eriksen, directeur de recherche et d'éducation à la Algalita Marine Research Foundation de Long Beach, a déclaré que son groupe surveillait la GPGP depuis 10 ans [en cachette sans doute car on n'en avait pas entendu parler, NDT]. « Avec les vents qui soufflent et les courants qui s'enroulent en cercle, c'est le milieu idéal pour piéger [les ordures], » a dit Eriksen. « Il n'y a rien que nous puissions faire maintenant, à l'exception de ne pas faire plus de mal. »


    La nappe a grossi de plus en plus, avec les débris des océans du monde entier [comment est-ce possible ? C'est pas Rome pourtant ! C'est le trou du cou du monde entre Hawaii et San Francisco ou quoi ? NDT], de dix fois tous les dix ans depuis les années 50, a déclaré Chris Parry, chef de programme d'éducation du public de la California Coastal Commission de San Francisco.


    Les modèles actuels de l'océan peuvent garder les épaves flottantes planquées dans une partie du monde, là où personne ne les verra jamais, mais leur majorité est générée à terre, selon un rapport de l'an dernier de Greenpeace intitulé « Les débris de plastique dans les océans du monde. »


    Le rapport révélait que 80% des ordures dans les océans étaient originaires de la terre. Alors que les navires laissent parfois tomber des chargements de chaussures ou de gants de hockey dans les eaux (quelquefois exprès et illégalement), la grande majorité des ordures en mer a entamé son voyage comme ordure à terre.


    C'est pourquoi faire un marécage potentiellement toxique comme la nappe d'ordures est entièrement évitables, a dit Parry.


    « À ce stade, son nettoyage n'est pas une option, » a déclaré Parry. « Il s'agit juste de dépasser notre dépendance prolongée aux plastiques. ... La solution à long terme est d'arrêter de produire autant de produits en plastique chez nous et de changer nos habitudes de consommation. »


    Parry a dit qu'utiliser des sacs d'épicerie en panier au lieu de sacs en plastique est une bonne première étape ; l'achat d'aliments sans plastique autour en est une autre.


    La GPGP est particulièrement dangereuse pour les oiseaux et la vie marine, a dit Warner Chabot, vice-président de l'Ocean Conservancy, un groupe environnemental.


    Les tortues confondent les sacs en plastique clair avec des méduses. Les oiseaux plongent et avalent des tessons de plastique indigestes. Les matières plastiques à base de pétrole prennent des décennies à se décomposer, et aussi longtemps qu'elles flottent à la surface des océans, elles peuvent apparaître comme des bouts de nourriture.


    « Ces animaux meurent parce que le plastique bouche par la suite leur estomac, » a dit Chabot. « Il ne passe pas, et ils meurent littéralement de faim. »


    Le rapport de Greenpeace constatait qu'au moins 267 espèces marines souffrent de quelque forme d'ingestion des débris marins ou d'enchevêtrement avec eux.

    La Pravda, le 23 octobre 2007

    Original : http://english.pravda.ru/world/americas/23-10-2007/99346-island_trash-0

    Traduction approximative de Pétrus Lombard pour Alter Info


    Mardi 23 Octobre 2007


    http://www.alterinfo.net/Une-ile-d-immondices-plus-vaste-que-le-Texas-derive-dans-l-Ocean-Pacifique_a12728.html


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  • L'époque de la croissance occidentale illimitée et sans concurrence autorisée par l'abondance de l'énergie à bon marché est terminée. Le pouvoir appartiendra désormais aux pays producteurs, et les nations sans ressources vont engager une lutte sans merci pour se garantir un approvisionnement devenu insuffisant pour satisfaire aux besoins de tous. Bienvenue dans le nouveau monde, le nôtre.

    Par Michael Klare, Tom Dispatch, 15 avril 2008

     

    Le pétrole à 110 dollars le baril. L'essence à 3,35 dollars (ou plus) le gallon. Le diesel à 4 dollars le gallon. Les camionneurs indépendants contraints de cesser leur activité. Le fuel domestique atteignant des niveaux de prix exorbitants. Le kérosène tellement cher que trois compagnies aériennes à bas coût ont interrompu leurs vols au cours des dernières semaines. Ce sont là quelques informations récentes sur le front de l'énergie, qui donnent un avant-goût des changements profonds dans la façon dont chacun d'entre nous vivra, aussi bien dans ce pays que partout ailleurs dans le monde. Et cette tendance ne fera, pour autant que quiconque puisse le prédire, que s'accentuer au fur et à mesure que diminuera l'approvisionnement en énergie et que s'intensifiera la lutte mondiale pour sa répartition.

    Toutes sortes d'énergies étaient très abondantes jadis, et c'est ce qui a rendu possible l'expansion de l'économie mondiale au cours des six dernières décennies. Cette expansion a au premier chef bénéficié aux États-Unis ainsi qu'au « premier monde » de ses alliés en Europe et dans le Pacifique. Récemment, cependant, quelques pays appartenant à l'ancien « Tiers Monde » - la Chine et l'Inde, en particulier - ont voulu profiter de cette manne énergétique en industrialisant leurs économies et en exportant un large éventail de produits vers les marchés internationaux. Ce qui à son tour a entraîné une augmentation sans précédent de la consommation mondiale d'énergie - en progression de 47% durant ces 20 dernières années, selon le Département de l'Energie américain (DoE).

    Une augmentation de cette nature ne serait pas devenue une source d'inquiétude profonde si les pays fournisseurs d'énergie primaire avaient été capables de produire la quantité de carburant nécessaire. Mais loin de là, nous faisons face à une réalité effrayante : nous assistons à un net ralentissement de la croissance de la production mondiale d'énergie au moment même ou la demande augmente de façon abrupte. L'offre ne disparaît pas réellement - bien que cela se produira tôt ou tard - mais elle ne croit pas suffisamment vite pour répondre à la flambée de la demande mondiale.

     La combinaison entre l'augmentation de la demande, l'émergence de nouvelles puissances consommatrices d'énergie et la contraction de l'offre énergétique mondiale anéantit le monde d'énergie abondante que nous connaissions et installe à sa place un nouvel ordre mondial que l'on pourrait définir par ce couple : puissances émergentes / planète rétrécie.

    Ce nouvel ordre mondial sera caractérisé par une concurrence internationale féroce autour de stocks de pétrole, de gaz naturel, de charbon et d'uranium qui iront diminuant. Il sera également marqué par une redistribution majeure tant des pouvoir que de la richesse entre des nations déficitaires en énergie comme le sont la Chine, le Japon et les États-Unis et celles qui sont excédentaires comme la Russie, l'Arabie saoudite et le Venezuela. Dans ce processus, la vie de chacun d'entre nous sera affectée d'une manière ou d'une autre. Les consommateurs les plus pauvres tout comme ceux de la classe moyenne appartenant aux nations déficitaires en énergies subiront les plus lourdes conséquences. Cela concerne donc la plupart d'entre nous et de nos enfants, au cas où vous ne l'auriez pas encore perçu.

    Voici résumées les cinq forces principales agissantes au sein de ce nouvel ordre international qui va redéfinir notre monde :

    1. La concurrence intense entre anciens et nouveaux pouvoirs économiques pour les approvisionnements en ressources disponibles d'énergie

    Jusqu'à très récemment, les anciennes puissances industrielles d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord consommaient la part du lion de l'énergie et ne laissaient que des miettes aux pays en développement. A une date aussi récente que l'année 1990, les membres de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), le club des pays les plus riches, consommaient environ 57% de l'énergie mondiale, l'Union Soviétique et les pays du Pacte de Varsovie 14%, et il ne restait que 29 % pour les pays en développement. Mais cette répartition est en train de changer : En raison de leur forte croissance économique, les pays émergents consomment désormais une plus grande partie des ressource mondiales d'énergie. En 2010, leur part devrait atteindre 40%, et si les tendances actuelles persistent, elle atteindra 47% d'ici à 2030.

    La Chine joue un rôle crucial dans cette évolution. A eux seuls, les chinois devraient consommer 17% de l'énergie mondiale d'ici à 2015, et 20% d'ici à 2025 - date à laquelle, si les tendances se poursuivent, ils auront dépassé les États-Unis en tant que leader mondial de la consommation d'énergie. La part de l'Inde, qui en 2004 représentait 3,4% du total mondial, devrait atteindre 4,4% en 2025, et selon les projections, la consommation d'autres nations en voie d'industrialisation rapide comme le Brésil, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et la Turquie connaîtra une croissance semblable.

    Ces puissances économiques montantes devront rivaliser avec les puissances économiques installées pour accéder aux réserves inexploitées d'énergie exportable restantes - qui dans bien des cas, ont été acquises il y a fort longtemps par les entreprises énergétiques du secteur privé des anciennes puissances comme Exxon Mobil, Chevron, BP, Total, et la Royal Dutch Shell. Face à cette contrainte, les nouveaux concurrents ont développé une stratégie ambitieuse pour soutenir la concurrence avec les « majors » de l'Occident : ils ont créé leurs propres entreprises étatiques et conclu des alliances stratégiques avec les compagnies pétrolières nationales qui contrôlent maintenant les réserves de pétrole et de gaz dans nombre des principaux pays producteurs d'énergie.

    La compagnie chinoise Sinopec, par exemple, a noué une alliance stratégique avec l'entreprise saoudienne Aramco, le géant nationalisé qui était autrefois la propriété de Chevron et Exxon Mobil, pour explorer les gisements de gaz naturel en Arabie Saoudite et vendre le brut saoudien en Chine. De la même façon, la China National Petroleum Corporation (CNPC) collaborera avec Gazprom, la compagnie d'état russe qui a le monopole sur le gaz naturel, afin de construire des pipelines et de livrer le gaz russe vers la Chine. Plusieurs de ces entreprises détenues par l'état, y compris la CNPC et la Oil and Natural Gas Corporation Indienne, sont maintenant sur le point de collaborer avec la Petróleos de Venezuela dans le développement des champs pétrolifères de bruts extra-lourds de la ceinture de l'Orénoque, précédemment contrôlée par Chevron. Dans cette nouvelle phase de la concurrence énergétique, les positions dont jouissaient depuis longtemps les majors occidentales ont été érodées par cette vague de nouveaux projets soutenus par les états des pays en développement.

    2. L'insuffisance de l'approvisionnement en énergie primaire

    La capacité de l'industrie mondiale de l'énergie à satisfaire la demande diminue. Selon toutes les prévisions, l'offre mondiale de pétrole augmentera peut-être durant cinq ans, avant d'atteindre un pic puis de commencer à décliner. Les productions de gaz naturel, de charbon et d'uranium vont probablement continuer à se développer durant une décennie ou deux avant de d'atteindre elles aussi un sommet et d'entamer leur inévitable déclin. Dans l'intervalle la production mondiale de ces ressources se révélera incapable d'atteindre les niveaux élevés de la demande.

    Voyons ce qu'il en est pour le pétrole. Le Département Américain de l'Energie affirme que la demande mondiale de pétrole devrait atteindre 117,6 millions de barils par jour en 2030, et sera satisfaite par une offre qui - miracle parmi les miracles - atteindrait exactement 117,7 millions de barils au même moment (y compris les carburants liquides produits à partir de substances comme le gaz naturel et les sables bitumineux du Canada). La plupart des professionnels de l'énergie considèrent cependant cette estimation hautement irréaliste. « Une centaine de millions de barils est maintenant à mes yeux, une vision optimiste », a déclaré de façon significative le PDG de Total, Christophe de Margerie, lors d'une conférence sur le pétrole qui s'est tenue à Londres en octobre 2007. « Ce n'est pas mon avis personnel, c'est le point de vue de l'industrie, ou celui de ceux qui préfèrent s'exprimer clairement, honnêtement, et n'essayent pas seulement d'être complaisants. »

    De façon semblable, les auteurs du Rapport sur le Pétrole à Moyen Terme, publié en juillet 2007 par l'Agence Internationale de l'Energie, un organisme affilié à l'OCDE, ont conclu que la production mondiale de pétrole pourrait atteindre 96 millions de barils par jour d'ici 2012, mais n'a que peu de chances d'atteindre un niveau sensiblement supérieur, car l'absence de nouvelles découvertes rend toute croissance future impossible.

    Les titres de la presse économique font état d'un maelstrom de tendances conflictuelles : la demande mondiale va continuer de croître à mesure que des centaines de millions de consommateurs chinois et indiens nouvellement enrichis se mettront sur les rangs pour acquérir leur première voiture (certaines sont vendues aussi peu cher que 2500 dollars). Les principaux champs pétroliers géants et déjà anciens, comme Ghawar en Arabie saoudite et Canterell au Mexique, sont déjà sur le déclin ou devraient l'être bientôt, et le taux de nouvelles découvertes de champs pétrolifères chute année après année. Il faut donc s'attendre à ce que la pénurie mondiale d'énergie et les prix élevés soient une source constante de difficultés.

    3. Le développement douloureusement lent des énergies alternatives

    Pour les décideurs politiques, il est depuis longtemps évident que de nouvelles sources d'énergie sont absolument nécessaires pour compenser la disparition prévue des combustibles existants, ainsi que pour ralentir l'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère qui sont responsables du changement climatique. De fait, l'éolien et l'énergie solaire ont atteint un niveau significatif dans certaines régions du monde. D'autres solutions énergétiques innovantes ont déjà été élaborées et même testées dans les laboratoires universitaires et les entreprises. Mais ces solutions, qui ne contribuent aujourd'hui que pour un très faible pourcentage de la production énergétique mondiale, ne connaissent pas un développement assez rapide pour prévenir les multiples catastrophes énergétiques mondiales qui s'annoncent.

    Selon le Département de l'Énergie des USA, les énergies renouvelables, notamment l'éolien, l'énergie solaire et l'énergie hydraulique (ainsi que les sources « traditionnelles » comme le bois de chauffage et le fumier), n'ont fourni que 7,4% de la consommation mondiale en 2004 ; la part supplémentaire des biocarburants s'élève à 0,3%. Dans le même temps, les combustibles fossiles - pétrole, charbon et gaz naturel - ont fourni 86% des ressources énergétiques, et enfin le nucléaire y a contribué à hauteur de 6%. Se fondant sur les taux actuels de développement et d'investissement, le DoE a établi une projection peu encourageante : En 2030, les combustibles fossiles continueront de représenter exactement le même pourcentage de l'énergie mondiale qu'en 2004. L'accroissement prévisible de la part des énergies renouvelables et des biocarburants est si réduite - à peine 8,1% - qu'elle en est quasiment dénuée de signification.

    En termes de réchauffement de la planète, les répercutions sont tout simplement catastrophiques : la dépendance accrue à l'égard du charbon (en particulier en Chine, en Inde et aux États-Unis) signifie que les émissions mondiales de dioxyde de carbone devraient augmenter de 59% au cours du prochain quart de siècle, passant de 26,9 milliards de tonnes à 42,9 milliards de tonnes. La conclusion est évidente. Si ces chiffres sont atteints, il n'y a aucun espoir d'éviter les pires effets du changement climatique.

    Pour ce qui est de l'approvisionnement mondial en énergie, les implications sont presque aussi catastrophiques. Pour parvenir à satisfaire l'envol de la demande énergétique, nous aurions besoin d'un afflux massif de carburants de substitution, ce qui signifierait aussi un investissement massif - de l'ordre de plusieurs milliers de milliards de dollars - pour permettre de faire passer rapidement les nouvelles technologies du stade du laboratoire à celui de la production industrielle sur une grande échelle. Mais aussi déplorable que cela soit, rien de tel n'est prévu. En revanche, les grandes entreprises du secteur de l'énergie (soutenues par le gouvernement américain à coup de somptueuses subventions et d'abattements fiscaux) mobilisent leurs méga-profits nés de la hausse des tarifs de l'énergie dans les projets fort coûteux (et écologiquement contestables) d'extraction du pétrole et du gaz de l'Alaska et de l'Arctique, ou pour effectuer des forages difficiles et coûteux en eaux profondes dans le golfe du Mexique et l'océan Atlantique. Le résultat ? Quelques barils de pétrole et quelques mètres cubes de gaz naturel supplémentaires à des prix exorbitants (accompagnés de dommages écologiques), au moment même où les énergies alternatives non fossiles progressent à une allure déplorable.

    4. Le transfert à un rythme soutenu de la puissance et de la richesse des nations déficitaires en énergie en direction des nations excédentaires

    Il y a peu de pays - une dizaine, peut-être, au total - disposant d'assez de pétrole, de gaz, de charbon et d'uranium (ou d'un mixte de ceux-ci) pour répondre à leurs propres besoins énergétiques et fournir d'importants excédents pour l'exportation. De toute évidence, ces nations seront en mesure d'obtenir des conditions de plus en plus avantageuses du nombre croissant de celles qui souffrent d'un déficit d'énergie et dépendront d'elles pour cette fourniture vitale. Ces nouvelles règles, essentiellement de nature financière, se traduiront par une augmentation des montagnes de pétrodollars accumulées par les principaux producteurs de pétrole, mais contraindront aussi à des concessions politiques et militaires.

    En ce qui concerne le pétrole et le gaz naturel, les nations disposant d'un surplus d'énergie important se comptent sur les deux mains. Dix Etats riches en pétrole possèdent 82,2% des réserves mondiales prouvées. Par ordre d'importance, ce sont : Arabie saoudite, Iran, Irak, Koweït, Emirats Arabes Unis, Venezuela, Russie, Libye, Kazakhstan et Nigéria. La possession de gaz naturel est encore plus concentrée. De façon surprenante, trois pays seulement, c'est à dire la Russie, l'Iran et le Qatar, détiennent 55,8% de l'approvisionnement mondial. Ces nations sont dans la position enviable de bénéficier de l'augmentation spectaculaire des prix mondiaux de l'énergie et d'obtenir de leurs clients potentiels toutes concessions politiques qu'ils jugeront importantes.

    Le transfert des richesses à lui seul a déjà atteint un niveau ahurissant. Les pays exportateurs de pétrole ont reçu un total estimé à 970 milliards de dollars en provenance des pays importateurs en 2006, et cette somme, lorsqu'elle sera établie pour 2007, devrait être encore bien plus élevée. Une fraction substantielle de ces dollars, de ces yens et de ces euros ont été placés dans les « fonds souverains » (SWF), ces fonds de placement géants appartenant aux pays pétroliers qui sont utilisés aux fins d'acquérir des investissements rentables de par le monde. Au cours des derniers mois, les fonds souverains du golfe Persique ont tiré profit de la crise financière aux États-Unis pour se rendre acquéreurs d'importantes participations dans les secteurs stratégiques de l'économie américaine. En novembre 2007, par exemple, l'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA) a acquis une participation de 7,5 milliards de dollars dans Citigroup, la première banque américaine. En janvier dernier, Citigroup avait cédé une participation encore plus importante, d'une valeur de 12,5 milliards de dollars, à la Kuwait Investment Authority (KIA ) associée à plusieurs autres investisseurs du Moyen-Orient, dont le prince Walid Ben Talal de l'Arabie saoudite. Les responsables de KIA et d'ADIA insistent sur le fait qu'ils n'ont pas l'intention d'utiliser leurs participations dans Citigroup ou les banques et sociétés américaines pour influer sur l'économie des États-Unis ou leur politique étrangère. Mais il est difficile de penser qu'une évolution financière de cette ampleur, qui ne pourra que se renforcer dans les décennies à venir, ne se traduise pas par une certaine forme d'influence politique.

    Dans le cas de la Russie, qui a ressuscité des cendres de l'Union soviétique pour redevenir la première superpuissance énergétique, elle dispose déjà de cette capacité. La Russie est aujourd'hui le premier fournisseur mondial de gaz naturel, le deuxième plus grand fournisseur de pétrole et l'un des principaux producteurs de charbon et d'uranium. Alors que de nombreuses entreprises du secteur avaient été brièvement privatisées sous le règne de Boris Eltsine, le président Vladimir Poutine a ramené la plupart d'entre elles sous le contrôle de l'Etat - par des moyens légaux extrêmement discutables dans certains cas. Il a ensuite utilisé la puissance de ces entreprises pour se livrer à des campagnes de corruption ou de contrainte visant les anciennes républiques soviétiques à la périphérie de la Russie, qui dépendent d'elle pour la majeure partie de leurs fournitures de pétrole et de gaz. Les pays de l'Union européenne se sont parfois déclarés consternés par les tactiques de Poutine, mais ils dépendent également de l'approvisionnement en énergie de la Russie, et ont appris à taire leurs critiques pour amadouer la puissance montante russe en Eurasie. On peut considérer que l'exemple de la Russie fournit un modèle de ce nouvel ordre énergétique mondial qui se dessine aujourd'hui.

    5. Un risque croissant de conflit

    Historiquement, les grands bouleversements de l'équilibre des pouvoir se sont en général accompagnés de violences - et parfois de bouleversements violents prolongés. Soit les états à l'apogée de leur puissance ont lutté pour prévenir la perte de leur statut privilégié, soit leurs challengers ont lutté pour renverser ceux qui se trouvaient au sommet. Cela va-t-il se reproduire aujourd'hui ? Les états affligés d'un déficit énergétique vont-ils lancer des campagnes pour arracher les réserves pétrolières et gazières des états qui contrôlent les surplus ? (La guerre menée en Irak par l'administration Bush, pourrait se définir comme une tentative de ce type). Les états déficitaires en énergie vont-ils tenter d'éliminer des concurrents parmi leurs rivaux atteints du même problème ?

    Les coûts élevés et les risques associés à la guerre moderne sont évidents et le sentiment largement répandu est que ces problèmes d'énergie pourraient être mieux résolus par des moyens économiques et non militaires. Néanmoins, les grandes puissances emploient déjà des moyens militaires dans leurs efforts déployés pour prendre l'avantage dans cette lutte mondiale pour l'énergie, et nul ne devrait s'abuser sur cette question. Ces efforts pourraient aisément conduire à une escalade involontaire et au conflit.

    L'une des preuves évidentes de l'utilisation des moyens militaires dans cette recherche de l'énergie est fournie par les livraisons d'armes et le soutien militaire que procurent les grands états importateurs d'énergie en direction de leurs principaux fournisseurs. Les États-Unis et la Chine, par exemple, ont accru leurs livraisons d'armes et de matériel aux États producteurs de pétrole en Afrique en Angola, au Nigéria et au Soudan, ainsi que dans le bassin de la mer Caspienne, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan et au Kirghizistan. Les États-Unis ont en particulier déployés des efforts pour lutter contre l'insurrection armée dans la région vitale du delta du Niger au Nigéria, la région d'où provient la plus grande partie du pétrole produit dans le pays ; Beijing procède elle aussi à des livraisons d'armes vers le Soudan, où les exploitations pétrolières dirigées par les chinois sont menacées par les insurrections qui ont lieu dans le Sud du pays et au Darfour.

    La Russie utilisent également ces livraisons d'armes comme l'un des instruments parmi les moyens qu'elle déploie pour gagner en influence dans les régions majeures de production pétrolière et gazière que sont les bassin de la mer Caspienne et le golfe Persique. Elle tente non pas de se procurer l'énergie pour son propre usage, mais de dominer les flux d'énergie destinés à d'autres. En particulier, Moscou cherche à obtenir pour Gazprom le monopole sur le transport du gaz en provenance d'Asie centrale vers l'Europe grâce à son vaste réseau d'oléoducs. Elle veut également profiter des énormes gisements de gaz de l'Iran, qui renforceraient encore davantage le contrôle qu'elle exerce sur le commerce de gaz naturel.

    Le danger, bien sûr, tient au fait que de telles collaborations, qui se multiplient au fil du temps, ne provoquent des courses aux armements régionales, exacerbent les tensions et accroissent le danger d'implication des grandes puissances dans les conflits qui éclatent localement. L'histoire montre de trop nombreux exemples de telles erreurs de calcul aboutissant à des guerres qui échappent à tout contrôle, comme ce fut le cas durant les années précédant la Première Guerre mondiale. De fait, aujourd'hui l'Asie centrale et la Caspienne avec leurs multiples désordres ethniques et les rivalités entre grandes puissances, présentent plus d'une ressemblance avec les Balkans dans les années qui ont précédé 1914.

    Tout ceci conduit à tirer une conclusion simple, mais qu'il faut méditer : il s'agit de la fin du monde tel que vous l'avons connu. Dans le nouveau monde ayant l'énergie pour centre de gravité dans lequel nous sommes tous désormais entrés, le prix du pétrole va dominer nos vies et la puissance sera aux mains de ceux qui contrôlent sa distribution au plan mondial.

    Dans ce nouvel ordre du monde, l'énergie régira chaque jour nos vies selon de nouveaux modes. Elle déterminera à quel moment et à quelles fins nous utiliserons nos voitures ; à quel niveau, haut ou bas, nous réglerons nos thermostats ; vers quels lieux, quand, et même si nous voyagerons ; les aliments que nous mangerons en dépendrons de plus en plus (étant donné que le prix de la production et de la distribution de nombreuses viandes et des légumes est profondément affecté par le coût du pétrole ou le développement de la culture du maïs pour la production d'éthanol) ; pour certains d'entre nous, cela déterminera où nous vivrons, pour d'autres, le type d'activité que nous entreprendrons ; pour nous tous, quand et dans quelles circonstances nous ferons la guerre ou éviterons les dépendances envers l'étranger qui pourraient nous entraîner vers la guerre.

    Une dernière observation : la décision la plus pressante qui attend le prochain président et le Congrès pourrait être : comment faire pour accélérer au mieux la transition des énergies fossiles vers un système basé sur les énergies alternatives respectueuses du climat.

    Michael Klare est l'auteur de Resource Wars et de Blood and Oil. Il est professeur au Hampshire College où il enseigne sur les questions de sécurité mondiale et de la paix. Son dernier ouvrage, Rising Powers, Shrinking Planet : The New Geopolitic of Energy, vient de paraître. Une brève vidéo de Klare débattant des grandes questions qui y sont abordées peut être consultée ici


    Publication originale Tom Dispatch, traduction Contre Info (http://contreinfo.info/)

    Illustration : champs de pétrole en flammes - Koweit 1991



     
    Du même auteur :
     

    Arc-en-ciel'ment vôtre

    Romano

     

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  • Interrogé par le quotidien Libération d'aujourd'hui, l'ancien parlementaire socialiste suisse Jean Ziegler, nommé depuis 2000 comme le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies, s'en prend aux spéculateurs et dénonce une fois de plus les biocarburants 

    A la question si les émeutes de la faim déstabilisent la planète, Ziegler répond que les problèmes sont de nature structurelle car sans rapports directs avec les conditions climatiques de la planète.

    « Quand le prix du riz flambe de 52% en deux mois, celui des céréales de 84% en quatre mois, et quand le prix du fret explose avec celui du pétrole, on précipite deux milliards de personnes sous le seuil de pauvreté. »

    Après avoir peint le tableau noir des conséquences terribles de ce qui se déroule actuellement, Ziegler affirme que la responsabilité de cette catastrophe réside « principalement dans l'indifférence des maîtres du monde, pays riches ou grands émergents. »

    Autre coupable : la course aux biocarburants. « Quand on lance, aux Etats-Unis, grâce à 6 milliards de subventions, une politique de biocarburants qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d'un crime contre l'humanité pour sa propre soif de carburant... »

    « Et quand l'UE décide de faire passer la part des biocarburants à 10% en 2020, elle reporte le fardeau sur les petites paysanneries africaines... »

    Cependant, Ziegler souligne que les biocarburants ne sont pas les seuls coupables, car « les pays pauvres paient leur quittance au FMI. » (...) « Les plans d'ajustement structurels du FMI imposent toujours des plantations d'exportation qui doivent servir à produire des devises et permettre au pays du Sud de payer les intérêts de la dette aux banques du Nord... »

    Le samedi 12 avril, le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, constatait soudainement que « si les prix de l'alimentation continuent à augmenter, (...) des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim. » et que cela « entraînera des cassures dans l'environnement économique et parfois la guerre. » Pourtant, il ne semble pas encore s'orienter vers la mise en place de politiques coupe-feu permettant de protéger les prix des denrées alimentaires de la spéculation folle et des ajustements structurelles du FMI...

    Pour creuser le sujet : Les biocarburants, une dangereuse escrocquerie généreusement financée.

    Mardi 15 Avril 2008

     

      ...

    " Que peuvent les lois, là où seul l'argent est Roi? "

      Pétrone

      Arc-en-ciel'ment vôtre

      Romano


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  • " Par essence, la création monétaire ex nihilo* que pratiquent les banques est semblable, je n'hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. "
    Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences Economiques 1988,
    La crise mondiale aujourd'hui (Ed. Clément Juglar 1999)

    A l'heure où l'on nous rabâche à longueur de temps le problème de la dette publique, qui sert à justifier les réformes liberticides et anti-socialistes que notre cher gouvernement fait passer avec plus ou moins de tact, il importe de se poser la question : Comment un état souverain peut-il devoir plus de 1 000 milliards d'euro à différents créanciers ? Lorsque tous les "experts" jurent que la relance de la croissance résoudra tous nos maux en diminuant le chômage et en augmentant notre pouvoir d'achat, il est bon de s'interroger sur les fondements de telles assertions. Quand enfin, notre modèle de société se caractérise par le flot toujours croissant de monnaie en circulation, il serait sage de se demander : Qu'est-ce donc que cette monnaie et d'où vient-elle ? Cet article a pour but de dissiper certaines idées reçues et de vous éclairer sur certaines réalités habilement dissimulées par une oligarchie de la finance prétentieuse, peu scrupuleuse, avide de pouvoir et de richesse...

    I - La monnaie n'est pas créée par l'Etat.

     Contrairement à une idée largement répandue dans le public, la monnaie n'est pas créé par un organisme de l'Etat (autrement dit du peuple).
    En effet depuis le 1er janvier 1999, la Banque Centrale Européenne (BCE) s'est vue transférer les compétences des Banques Centrales Nationales (BCN) des Etats membres. La BCE et les BCN devenus ses sous-traitants forment le Système Européen de Banques Centrales (SEBC).
    La BCE a le monopole d'émission de la monnaie fiduciaire, autrement dit des pièces et des billets de banque. C'est une institution indépendante selon le traité de Maastricht et elle ne peut en aucun cas accorder un découvert ni aucune autre forme de crédit "aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des États membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite." (Article 104)
    "L'objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix". Et : "Sans préjudice de l'objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté, tels que définis à l'article 2" (article 105, paragraphe 1, du traité). La Communauté se donne pour objectifs d'obtenir un niveau d'emploi élevé et une croissance durable et non inflationniste (article 2 du traité sur l'Union européenne).
    Autrement dit, l'Etat français doit financer son déficit en vendant aux organismes privés et à quelques riches investisseurs des bons au trésor. Il s'agit ni plus ni moins de prêts remboursables à plus ou moins long terme et auxquels sont associés des intérêts comme pour n'importe quel prêt contracté par une entreprise ou un particulier. Les détenteurs de ces bons au trésor sont donc les créanciers de l'Etat.

    (J'ai trouvé la carte en libre accès sur le site du FMI si mes souvenirs sont bons)

    II - Le processus de création monétaire

     Comme on l'a dit au point précédent, la BCE a le monopole d'émission de la monnaie fiduciaire. Or on sait bien qu'aujourd'hui la plus grande partie des transactions s'effectuent en monnaie scripturale (chèques, carte bleue, virements, etc.) qui est la forme dématérialisée de la monnaie. En 2006 par exemple, il y avait 7 387 milliards d'euro en circulation (agrégat M3 - bulletin N°153 de la Banque de France, septembre 2006) dont seulement 552 milliards d'euro de pièces et de billets.

    Mais alors comment sont créé les 6 835 milliards d'euro de monnaie supplémentaire ?

    Ce sont les banques privées qui créent cet argent par l'intermédiaire du crédit. Certains feront appel ici à une deuxième idée reçue pour se rassurer : "c'est l'épargne qui permet le crédit".
    Malheureusement non, le crédit n'est nullement limité par la valeur des dépôts effectifs dans une banque, comme on pouvait le lire dans un opuscule édité en 1971 par la Banque de France, La Monnaie et la Politique monétaire : "Les particuliers - même paraît-il certains banquiers - ont du mal à comprendre que les banques aient le pouvoir de créer de la monnaie ! Pour eux, une banque est un endroit où ils déposent de l'argent en compte et c'est ce dépôt qui permettrait à la banque de consentir un crédit à un autre client. Les dépôts permettraient les crédits. Or, cette vue n'est pas conforme à la réalité, car ce sont les crédits qui font les dépôts".

    Alors, comment ça se passe ?

    Disons que vous avez besoin de 15 000 euro pour acheter une nouvelle voiture. Vous allez voir votre banquier qui n'a qu'à inscrire la somme sur votre compte, après vous avoir fait signer quelques papiers, vous engageant à lui rembourser le capital qu'il vous a prêté plus les intérêts convenus sous peine de saisie de vos biens. La monnaie est créée par un simple jeu d'écriture. Le banquier porte à l'actif de son bilan une créance de 15 000 euro et au passif les 15 000 euro qu'il vient de mettre sur votre compte.
    Vous pouvez noter que le banquier n'a pas créé les intérêts qu'il vous demande de payer, comme nous le verrons plus loin. Si vous parvenez à rembourser votre prêt, les 15 000 euro disparaîtront de la masse monétaire. C'est pourquoi on qualifie ce type de monnaie de temporaire ou encore de " monnaie de crédit". Seuls resteront les intérêts que vous aurez versés (souvent équivalents voire bien supérieurs au montant emprunté) et qui représentent la rémunération du banquier pour avoir créé de l'argent à partir de rien. Incroyable mais vrai, désolé.
    La seule chose qui permette de limiter l'octroi par les banques de ce type de crédit est une règle prudentielle qui dit qu'une banque ne peut prêter qu'à hauteur de 98% des dépôts qu'elle détient. Mais il faut savoir que parmi ces dépôts une bonne partie provient de crédits accordés par d'autres banques à leurs clients, selon le même procédé douteux décris ci-dessus.

    III - Le problème des intérêts

    Nous avons expliqué que la monnaie n'existait aujourd'hui que sous forme de crédit et donc de dettes. Ni l'euro, ni le dollars ne sont gagés sur l'or.
    Imaginez un instant que tous les citoyens du monde, las de toutes leurs dettes, décident de les régler toutes en même temps. Et bien on peut en déduire alors qu'il n'y aurait plus de monnaie du tout !
    En réalité, et c'est ça le plus incroyable, il est impossible de régler toutes les dettes puisque aucune banque n'a créé la monnaie nécessaire pour régler les intérêts demandés...

    Commencez-vous à comprendre ?

    Il est mathématiquement impossible de payer toutes les dettes car pour cela il faudrait plus de monnaie qu'il n'en a été mis en circulation ! Voilà la vraie raison d'être de la doctrine de la croissance. Nous devons créer toujours plus de crédits afin de pouvoir rembourser les intérêts. Mais en créant ces crédits nous engendrons de nouveaux intérêts qu'il faudra payer en faisant de nouveau crédits et ainsi de suite. C'est une spirale sans fin...
    L'intérêt est la cause principale de l'inflation, puisque avec un crédit à 5 % par an par exemple, c'est le double de la somme empruntée qui doit être remboursée sur 15 ans, par le jeu des intérêts composés. L'intérêt est le premier responsable de la pauvreté dans le monde et de l'élargissement de la fracture sociale. Sachez que les prix que vous payez sont constitués à 40-45 % du seul poids des intérêts, comme l'ont mis en évidence dans leurs études Magrit Kennedy et Ralph Becker (vraisemblablement 30-40% aujourd'hui), vous pouvez imaginer la somme colossale qui est transférée du monde de l'économie réelle au monde financier.
    A l'origine les intérêts servaient à rémunérer les épargnants dont les dépôts permettaient d'effectuer les prêts, le banquier se payant grâce à la différence des taux. Mais dans le contexte actuel, étant donné la façon dont la monnaie est créée, cela n'est plus justifié.
    La société civile doit prendre conscience de cette situation aberrante, étudier sérieusement la question et réclamer la fin de ces privilèges absurdes.
    Plus le temps passe, et plus la finance internationale, avec un cynisme effrayant, s'accapare les vraies richesses du monde (les réserves minières, l'eau, la terre, les biens immobiliers, et depuis peu les êtres vivants...) qu'elle achète avec de la monnaie de singe !

    Citation :
    "Je crois que des institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos privilèges que des armées institutionnelles. Déjà ils ont élevé au sommet une riche aristocratie qui a défié le Gouvernement. Le pouvoir d'émission devrait être pris aux banques et redonné au peuple à qui il appartient.
    Si les Américains permettent un jour aux banques de contrôler l'émission de leur monnaie, d'abord par l'inflation et ensuite par la déflation, les banques et les sociétés qui grandiront autour d'eux priveront le peuple de toute propriété jusqu'à ce que leurs enfants se réveillent sans abri sur le continent de leurs pères."
    Thomas Jefferson, 3ème président des Etats-Unis,
    lettre au Secrétaire du Trésors Albert Gallatin (1802) 

    IV - Que peut-on faire ?

     Pour commencer il faudrait faire l'effort de comprendre. Les économistes prétendument experts ont bon ton de dire que tout cela est tellement compliqué qu'un non-initié ne saurait s'y retrouver. C'est une façon de dissimuler ce qui se cache derrière ce système économique d'un autre âge. Il nous faut une refonte du système économique.
    Et pour commencer, les citoyens doivent reprendre le pouvoir de création monétaire, cédé par nos " représentants " aux puissances financières alors que la monnaie est et doit rester au service du peuple. La quantité d'argent injecté dans l'économie doit être proportionnelle à l'indice de croissance, qui correspond à la valeur cumulée des biens et services échangeables dans la zone concernée. Actuellement seulement 5% des transactions mondiales correspond à l'échanges de biens économiques réel. Le reste correspond à la spéculation boursière...
    Selon A.-J. Holbecq : "Toute la monnaie nécessaire au développement de l'économie doit être produite par la BCE et confiée contre intérêts aux banques commerciales qui la distribueront aux emprunteurs en faisant payer leur travail et expertise par des honoraires. Et tous les intérêts de toute la monnaie créée dans le passé par les banques commerciales et par la BCE doit revenir aux États de la zone euro et donc à la population... C'est certainement plus de 350 milliards d'euros par an".
    Un nouveau crack planétaire surviendra bientôt en raison de la chute programmée du cours du dollar qui, je le rappelle, sert actuellement de monnaie de réserve internationale. Ce sera le moment d'exiger de nos élus une refonte complète du système monétaire pour qu'il soit vraiment au service de l'économie et non plus l'instrument de pouvoir d'une minorité de nantis.

    La démocratie restera un vœu pieu si les citoyens se laissent désinformer.

    Prenez votre destin en main : informez-vous !

    La liberté est à ce prix...


    * ex nihilo : expression latine signifiant à partir de rien.

    Références : Maurice Allais, Irving Fisher, J.-M. Harribey, Denis Clerc, A.-J. Holbecq entre autres... Merci à l'équipe de fauxmonnayeurs.org à qui j'ai emprunté quelques passages. Un grand merci à A.-J. Holbecq pour ses commentaires éclairés.

     

    Lundi 07 Avril 2008

    Soleildugrandest@club-internet.fr

     

    Arc-en-ciel'ment vôtre

    Romano 


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